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La disparition de Josef Mengele / Olivier GUEZ****


Roman au style nerveux, rapide, en 2 parties et un épilogue, dont les titres résument le parcours de Mengele réfugié en Amérique du Sud : le pacha, le rat et le fantôme.

Olivier Guez dit lui-même à Florent Georgesco du journal Le Monde (Jeudi 21/09/17) « qu'il fallait un récit âpre, sec,beaucoup de verbes, pas d'adjectifs, aucun lyrisme » pour traquer le médecin SS affecté à Auschwitz à sa demande.

Roman impitoyable, centré sur la « banalité » du mal : Mengele, Eichmann et consorts sont des héritiers d'une civilisation européenne suicidaire qui a accumulé 85 millions de morts de 1914 à 1945, des hommes monstrueux, oui, mais humains,médiocres , sans remords, sûrs de faire partie de la race supérieure et persuadés de pouvoir reconstruire, à partir d'Amérique du Sud, un nouveau 3ème Reich.

Roman d'une Amérique du Sud, dominée de 1949 à 1979- date de la mort de Mengele sur une plage du Brésil -, par des dictatures fascisantes (Argentine, Paraguay, Brésil) qui accueillent les criminels nazis en fuite ( et aussi des juifs!).Le récit souligne les proximités idéologiques des pouvoirs argentin, paraguayen avec le nazisme, les complicités économiques, politiques dont jouissent les ex-dignitaires du 3ème reich,.. ; mais ils restent des réfugiés dont les dictateurs se servent selon les besoins de leur maintien au pouvoir.

Roman enfin sur les aléas de la traque des nazis en fuite à partir des années 1950 : la « mollesse » de la traque dans l'Allemagne du chancelier Adenauer ( la famille de Mengele tient le haut du pavé en Bavière et entretient financièrement le fuyard), le travail du procureur Bauer, procureur de Hesse, le premier à tenter une vraie recherche des nazis pour les traduire en justice, le rôle des services du MOSSAD israélien, services efficaces mais soumis eux aussi à des choix politiques qui contrarient leur recherche et la lente naissance d'une opinion publique européenne , puis mondiale

exigeant des comptes sur la situation des responsables de la shoah.

Mais un vrai roman , avec un vrai personnage : un salaud, bien sûr un personnage de l'Histoire du 3ème Reich, mais surtout un personnage romanesque : un fuyard grognon, toujours en quête d'argent, pleutre et méprisant, centré sur lui-même, ses ennuis de santé, ses disputes avec « ses femmes » et son fils, incapable d'une quelconque remise en cause et qui meurt sans remords mais usé.

Olivier Guez dresse le portait d'un minable abominable dans son quotidien : glaçant , banal et terriblement efficace.

Suzanne Ceysson – le 20/10/17


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