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Le contorsionniste / Craig Clevenger ****


Un roman intelligent et très original, à charge contre le système éducatif, judiciaire et psychiatrique, vus comme des machines à broyer les individus.

Retrouvé inanimé après avoir ingurgité des barbituriques, John Vincent, 27 ans, se réveille en HP. Un psychiatre doit déterminer si son geste était celui d’un homme désespéré, candidat au suicide, donc susceptible de se reproduire ou non.

Le cabinet du spécialiste se referme sur lui comme sur une souris de laboratoire. Contre toute attente le patient semble connaître le protocole exact de sa prise en charge et l’interrogatoire n’a aucun secret pour lui. Dissimulateur et manipulateur de génie il prend les rênes de ce jeu du chat et de la souris, en déjouant les pièges de l’interrogatoire, dont il connaît les rouages par cœur. L’entretien est construit comme une partie d’échecs. A chaque réponse énoncée et finement pesée, le suicidé nous livre le fond de sa pensée, vraie, souvent l’inverse de la réponse énoncée.

Depuis sa plus tendre enfance, John est élevé à coup de ceinture par un père alcoolique et une mère absente, né avec une anomalie de la main, stigmatisé à l’école, et placé en institution spécialisée. Ce qu’on prend pour de la déficience mentale masque en fait une intelligence hors du commun. Encouragé à fuir une société punitive, John est devenu un vrai caméléon, un génie du camouflage.

La force du roman réside dans le fait que le lecteur louvoie entre dédoublement de la personnalité, au sens psychiatrique du terme, et affaires d’usurpation d’identité, au sens pénal du terme.

Ce travestissement du réel illustre une société malade de ses différences, une incapacité à voir ou est la vérité.


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