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La maladroite / Alexandre Seurat


Diana a eu une courte, trop courte vie. Morte à 8 ans, les proches qui ont cotoyée la fillette, grand-mère, tante, maîtresse, assistante sociale, voisins, parlent à tour de rôle de cette enfant « maladroite », une façon de se dédouaner de son calvaire.

En 8 chapitres la messe est dite... 8 chapitres pour dire l'impensable, l'inavouable.

Les témoins s'expriment à la première personne, leurs paroles sobres et définitives nous renvoient à nous-mêmes, nous prennent à partie, nous culpabilisent car nous connaissons déjà la fin avant de l'avoir lue. A travers eux, de lecteurs impuissants, nous devenons témoins d'une tragédie annoncée en 8 actes, témoins de ses faits divers que l'on souhaiterait ne jamais avoir entendu, car ils s'immiscent dans tous les corps de la société : famille, école, assistance publique, et quand la justice est saisie, il est souvent déjà trop tard.

Et pourtant, Diana a vécu : née dans un terreau propice... un grand-père dépressif, alcoolique, taciturne et guelard, suicidé par pendaison ; une mère déboussolée, mariée plusieurs fois et abandonnée... toujours avec ses rejetons ; Abandonnée sous X à la naissance, Diana fut récupérée in-extrémis par sa mère... et reconnue plus tard par son géniteur.

Diana est la seule à être nommée par son prénom. Cette forme de respect post-mortem lui redonne sa légitimité, la replace au centre de sa propre histoire, une histoire dans laquelle elle n'a jamais eu le rôle principal.

Son entourage est nommé par la fonction que chacun des protagonistes occupait vis-a-vis de la victime, chacun représentant un des rouages de la terrible machine.

Un roman fort et nécessaire, qui frappe comme un uppercut, qui nous retourne et qui vaut tous les discours.


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